traceuses

- Béné, une maman traceuse -

Noms Bénédicte Siney
S'entrainent depuis 2012
Fait partie de Saïmiri Parkour
Ce qu'elle aime dans le parkour La bienveillance
Son dicton La vraie liberté, c'est de n'arriver jamais à l'heure !
Sa vidéo de parkour En bas de la page

Comment as-tu découvert le parkour ? Comment l’idée de te lancer dans cette aventure t’es venue ?

Je suis née en 1969 et c'est grâce à mes enfants, qui après avoir vu « Yamakasi » et « Banlieu 13 » m'ont demandée de les aider à trouver un club de parkour...ça nous a pris 3 ans ! En désespoir de cause, je les ai inscrits à l'école de cirque Achille Zavatta à Mulhouse où ils se sont spécialisés en accro. Puis en novembre 2011, je travaillais comme responsable périscolaire dans une école élémentaire de Mulhouse, je passais devant une classe et tombais en arrêt devant un panneau sur lequel était inscrit : « le parkour des élèves de CE1 ». Euphorique, j'ai frappé à la porte de la classe et c'est J-Dan de l'association Saïmiri Parkour qui m'a donnée toutes les infos pour que je puisse amener mes enfants à leur première séance. Durant quelques mois, je les emmenais aux différents spots, assurais aussi du covoiturage ; du coup parfois je restais pour regarder. Ensuite, ils sont aussi allés s'entrainer en salle et donc je restais pour regarder, jusqu'au jour de cette veille de vacances de février 2012, où Rémy m'a proposée d'essayer...et je n'ai plus jamais arrêté !!!

Du coup, c'est une discipline que je pouvais partager avec mes enfants. Et puis réaliser que ce que j'avais vu à l'époque était une discipline sportive, ne demandant que de trouver les ressources en soi pour évoluer me plaisait bien. Ensuite, l'originalité du parkour, son histoire, le premier rassemblement FPK à Dijon auquel j'ai assisté, puis le premier parkour girls à Paris, la bienveillance omniprésente ont tracé mon chemin de liberté.

Etais-tu déjà sportive ?

J'ai pratiqué pas mal d'activités sportives : de la natation, de l'équitation pendant 10 ans, de la plongée, du hand ball, du tae kwon do, de l'escrime, de la musculation, du ski, de la rando...

Mais j'ai horreur de la compétition. Ce n'est pas l'envie de gagner qui peut me donner la gnac ! Mon prof de tae kwon do me disait toujours « passe la 5eme ! » car je manquais d'explosivité. Au ski, la vitesse me faisait peur... Ce qui me donne envie de me dépasser, c'est le regard que je peux avoir sur moi, me dire que je n'ai de compte à rendre qu'à moi-même. Je vais chercher mon chemin de liberté à travers l'expérience des autres, les rencontres, l'échange, la bienveillance. Et depuis peu, après une année de doute et de peu de pratique, j'ai pris conscience que j'arriverais à lancer des mouvements si je me prépare bien physiquement et si je pratique régulièrement tout en écoutant d'avantage mon corps.


Je faisais du sport pour le plaisir, me défouler, décompresser, non pas pour l'aspect physique. C'est pourquoi, lorsque j’ai commencé le parkour, je me suis dit que j'allais laisser les choses se faire : mon corps se musclerait en fonction des mouvements que je travaillerais.

Avais-tu des appréhensions avant de commencer ? Si oui, comment les as-tu gérées ?

Les appréhensions que j'avais étaient liées à mes capacités physiques et motrices : le parkour n'a rien à voir avec les sports que j'ai pratiqués et lors des premières séances j'ai eu des douleurs musculaires jamais imaginées !

Ensuite, j'ai besoin de décomposer les mouvements pour les comprendre. J'observe beaucoup les traceurs, je décompose leurs mouvements pour comprendre comment ils font. J'ai besoin de comprendre un mouvement pour pouvoir le reproduire, le travailler et le valider. J'ai besoin de visualiser le mouvement que je vais lancer alors je me répète mentalement le mouvement ou alors il n'est pas rare que je le mime avant de le faire !

Enfin, se faire confiance par rapport à ses capacités et pouvoir accepter les limites à la faisabilité : je suis quelqu'un qui doute beaucoup alors il n'est pas rare que je m'auto - stimule en me parlant du style « Allez Béné, tu peux le faire, tu sais le faire, tu l'as travaillé ce mouvement ! » Non, non, je ne suis pas folle ! Les pensées positives libèrent l'énergie nécessaire, provoquent des émotions agréables telles que la joie et permettent d'appréhender l'obstacle autrement. En revanche si je me dis que je ne vais pas y arriver, cela provoque la peur et ensuite c'est foutu !


Je fais confiance aussi aux traceurs et traceuses qui m'entourent. Ainsi, je vais oser lancer un mouvement, faire des « longeades » (par exemple marcher le long d'un mur ou autre et qu'il y a le vide en dessous), monter sur un mur car je sais qu'ils vont m'apporter leur soutien et leurs conseils.

Rencontres-tu des difficultés liées directement à ton âge ? As-tu une pratique différente ?

Je m'épuise plus vite que les jeunes que je côtoie ! Je suis sportive mais pas dans l'excès et donc j'avance en fonction de ce que mon corps me permet de faire. Je pense qu'un autre style d'entrainement plus intensif me permettrait d'être plus endurante malgré l'âge.

Quand j'ai débuté, je m'entrainais au moins 4 fois par semaine avec une séance de Taïso (préparation physique) en plus. Et puis, j'ai senti l'épuisement pointer le bout de son nez, le doute, le manque de motivation car je ne progressais pas : certainement le manque de répétition des mouvements ou le manque d'engagement dans ce que je veux lancer.

Aujourd'hui, je m'entraine 1 à 2 fois par semaine et une si je fais une grosse session. Par exemple un week end et bien je suis au repos au moins une semaine !

Je n'arrive pas à lier endurance et performance alors quand je fais des run, je place des petits mouvements. Et quand je veux travailler un mouvement, je vais être dans le statique et la répétition.

Je me sers beaucoup du Qi pour me permettre de réussir un mouvement ; c'est à dire que je prends une inspiration et au moment de lancer j'accompagne le mouvement en laissant sortir le kiap (terme en Tae kwon do) : je me suis rendue compte que cela me permet de lâcher une tension qui me permet alors de réussir mon mouvement.

As-tu senti des changements dans ton corps / ta vie en rapport avec le parkour ?

J'ai pris des épaules !!!

Le Parkour m'a permis de voyager en France et à l'étranger : Dijon, Paris, Reims, Nantes, Grenoble, Strasbourg, Miramas, Milan ; de faire des rencontres (récemment Yann Nhautra à Strasbourg grâce à PK Stras), d'ouvrir mon horizon ! Mes semaines sont rythmées par les sessions parkour (entrainement personnel ou cours), mon investissement dans l'association Saïmiri Parkour puisque depuis pratiquement le début de sa création, j'en suis la vice-présidente. Je participe dans la mesure de mes moyens aux évènements pour lesquels elle est sollicitée ou qu'elle organise (par exemple le parkour girls de 2014 à Mulhouse). J'ai suivi la formation au brevet fédéral de Parkour en 2014, me disant que cela pouvait toujours être un plus.


Est-ce qu’il y a autre chose que tu souhaites partager avec nous ?

Un grand merci à la communauté du Parkour, à la bienveillance qu'on y trouve. C'est vraiment important, c'est ce qui fait sa différence et c'est ce qui me donne envie de tracer !


Un mot pour les traceuses ?

Heu.....traceuses, toujours prêtes ?